Quel est ton poste à Liryc ?


Je suis maître de conférences à l‘université de Bordeaux, et je fais partie de l’équipe Modélisation de Liryc, et de l’équipe Inria Carmen.

Quand as-tu rejoint Liryc ?


En 2017, suite à une réorientation thématique. Je travaillais depuis 10 ans à l’Institut de Mathématiques, plutôt sur la simulation en mécanique des fluides. C’est un sujet plutôt ancien mais très riche, avec plein de défis scientifiques pas encore atteints. Mais à cette époque j’avais envie d’un coup de neuf dans ma recherche, et depuis mon master j’avais envie de travailler sur des applications liées à la biologie ou la médecine. Après des discussions avec Yves Coudière qui est le responsable de l’équipe Carmen, j’ai décidé de passer aux mathématiques appliquées à la cardiologie.

Sur quels projets travailles-tu ? 


En ce moment, je travaille sur trois sujets principaux: deux sujets liés à des problèmes inverses, c’est-à-dire où on cherche à reconstituer des données (potentiels électriques, conductivités) à partir d’observations: la résolution du problème inverse électrocardiographique et la tomographie par impédance électrique. Je travaille à côté de ça sur un sujet qui n’a rien à voir avec Liryc: la simulation en mécanique des fluides pour des écoulements côtiers. Globalement, je cherche à concevoir des méthodes mathématiques pour résoudre ces problèmes sur un ordinateur avec le plus de précision possible. Pour chacun de ces sujets, je travaille avec un ou deux collaborateurs qui ont des domaines d’expertise différents des miens (traitement du signal, mathématiques plus théoriques,…), et la plupart du temps des étudiants en thèse ou des postdoc.

Quel a été ton parcours pour devenir ingénieure à Liryc ?


J’ai fait une école d’ingénieur généraliste à Paris, avec une spécialisation en mathématiques pour la modélisation, et en parallèle un master d’analyse numérique. Puis une thèse en mathématiques appliquées au Commissariat à l’Energie Atomique, entre l’Essonne et Grenoble soutenue en 2006, puis un postdoctorat à Paris. J’ai passé les concours pour devenir maitre de conférence et j’ai été recrutée à Bordeaux en Septembre 2007.

Quelle est ta journée type ?


Il n’y a vraiment pas de journée type pour les enseignants-chercheurs: chaque jour, chaque semaine est différent, en fonction du calendrier des cours, et des priorités du moment. Mes journées se remplissent avec les occupations suivantes :

  • l’enseignement : les cours et leur préparation, la correction de copies, le suivi des étudiants, 
  • la recherche proprement dite : travail avec des collaborateurs, avec les doctorants ou les stagiaires, griffonnage sur le papier pour avoir des idées, écriture et débuguage de programmes informatiques, bibliographie, écriture de projet de recherche ou d’article de recherche
  • séminaires et les conférences, pour se tenir au courant de la recherche actuelle,
  • diffusion scientifique : exposés devant des élèves et leurs profs,
  • réunions d’équipe pour discuter de recherche ou d’organisation, réunions administratives, et malheureusement, comme tout le monde, les mails qui s’accumulent!!!


J’essaie de préserver de l’énergie et de la fraicheur pour la recherche et l’enseignement, qui sont les fondamentaux de mon travail, et c’est ce que je préfère. Par exemple, passer trop de temps à traiter mes mails nuit à ma concentration en recherche: certains jours je préfère donc oublier ma boite mail 🙂


J’ai fait ce travail au départ pour la recherche, et je ne m’en lasse pas du tout.  Ce que je préfère, ce sont les réunions de travail pour débroussailler une question de recherche, les discussions à bâtons rompus qui nous font avancer peu à peu, sans qu’on ait pu prévoir à l’avance l’issue de la discussion. Par ailleurs, plus le temps passe, plus j’apprécie le temps passé à faire cours aux étudiants. Les interactions avec eux sont très enrichissantes sur le plan humain et donnent aussi des idées pour la recherche. J’aime aussi voir les étudiants « grandir » un peu chaque année, et devenir des scientifiques autonomes ( en tant qu’enseignant, on a parfois tendance à se plaindre, mais globalement, je pense qu’on ne forme pas si mal nos étudiants!).

Selon toi, quelles qualités/aptitudes faut-il avoir pour ton poste ?


En premier lieu, je dirais qu’il faut être curieux et tenace. Une bonne petite dose d’imagination peut aussi être utile, ainsi que de la rigueur pour ne pas oublier les petits détails imprévus-mais-qui-ont-en-fait-beaucoup-d’importance. Dans le travail de tous les jours, je constate qu’une bonne capacité d’organisation et de concentration est très utile, mais elle s’apprend au fur et à mesure.

Quel est l’outil que tu utilises le plus au quotidien ?


Mon ordinateur, suivi de près par mon stylo bille.

Selon toi, est-ce difficile d’être une femme dans l’univers scientifique aujourd’hui ?


C’est une question compliquée 🙂 Je pense que c’est plus difficile d’être une femme du point de vue de la progression de carrière, comme c’est le cas dans beaucoup de secteurs professionnels, avec peut-être la nuance que comme la recherche est un milieu extrêmement compétitif, la moindre différence peut avoir un impact très fort sur la carrière. A l’Institut de Mathématiques de Bordeaux, il y a actuellement 48 professeurs des universités, dont 1 seule femme. Chez les maitres de conférences/chercheurs, la proportion de femmes est un peu plus élevée, même si largement inférieure à celle des hommes. Il y a une évaporation des femmes quand les échelons montent. En ce qui me concerne, j’adore mon métier et je me sens très bien dans mon laboratoire, parmi mes collègues femmes ou (le plus souvent) hommes. Au quotidien, je ne ressens pas souvent de difficulté liée au fait d’être une femme, car j’ai la liberté de choisir mes collaborateurs.  Je trouve que c’est un métier passionnant, avec beaucoup de liberté, des horaires souples, et plutôt bien payé: cela fait beaucoup d’avantages, qu’on soit un homme ou une femme. J’observe cependant régulièrement des comportements soit sexistes (blagues, réflexions misogynes) soit qui expriment des biais inconscients, par exemple lors la prise de parole en réunion.  Je me sens toujours touchée quand j’entend une réflexion sur les capacités des femmes, ou que j’entends des collègues masculins discuter du physique de leurs collègues femmes plutôt que de la science qu’elles font. Dans ces cas là, même si je sais que ma présence est légitime, je ne me sens pas très bienvenue dans mon milieu professionnel.

Comment vois-tu la place des femmes dans la recherche dans 20 ans ?


J’espère que la situation aura évolué et qu’on verra plus de femmes à tous les niveaux de responsabilité (et plus généralement des profils plus diversifiés, pas tous issus des mêmes filières). Mais je n’ai pas de certitude sur ce qui va se passer. Il y a un travail long à faire pour identifier et changer les mécanismes  à l’oeuvre, qui sont souvent inconscients et ne dépendent pas que de nous. D’ici là, j’espère pour ma part encourager de nombreuses jeunes femmes à faire des sciences, et continuer à faire de la recherche qui me plait !

UN MATIN, LE COEUR DE JULIETTE, 14 ANS, S’EST ARRÊTÉ…

Juliette a été victime d’une mort subite cardiaque provoquée par un dysfonctionnement de son coeur. Grâce aux découvertes et aux innovations scientifiques de l’Institut Liryc, elle a pu être sauvée. Ne laissons pas les maladies du rythme cardiaque emporter des vies.

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